25.11.2022

Le site du Biométhane du Bois d’Arnelle, symbole d’une filière prometteuse en Wallonie

Un an après sa mise en service, le site de production d’énergie renouvelable a été inauguré ce matin en présence de 300 invités.
Ce vendredi matin, les représentants de la Commission Européenne, du Gouvernement wallon et du monde de l’Energie belge et européen se sont donnés rendez-vous dans la Commune des Bons Villers, au nord de Charleroi.

Objectif : évoquer l’avenir de la biométhanisation en Europe, dans les États membres et les Régions.

Le biométhane est un gaz d’origine renouvelable produit à partir de la fermentation de déchets ménagers, agricoles, de la restauration ou encore de boues de stations d'épuration. Ce biogaz épuré a les mêmes propriétés que le gaz naturel, et donc les mêmes usages : cuisine, chauffage, industrie... Neutre en carbone, il s'inscrit généralement dans des circuits courts de type économie circulaire. Aux Bons Villers, ce sont ainsi les fermes des alentours qui fournissent les matières organiques nécessaires à la production du site.

Un potentiel à ce jour peu exploité
En 2019, une étude réalisée par Valbiom à la demande de Gas.be a évalué le potentiel du biogaz en Belgique : 15,6 TWh, dont 53% provient de la Wallonie (grâce aux nombreuses terres agricoles). Aujourd'hui, ces gisements énergétiques restent chez nous pratiquement inexploités. Pourtant, la demande du marché existe, notamment de la part d’industriels qui cherchent des alternatives aux énergies fossiles et pour qui l’électrification n’est pas possible ou suffisante. Mais c’est la réglementation encadrant la filière qui reste le principal obstacle pour les investisseurs. « De bout en bout, mon projet a mis 12 ans pour se réaliser, a ainsi expliqué Jérôme Breton (Administrateur délégué du site du Biométhane du Bois d’Arnelle – BBA), lors de l’inauguration du site ce matin. Le Gouvernement wallon s'est doté en 2018 d'un cadre juridique visant à favoriser la production de biométhane et son injection dans le réseau gaz. Ce texte a eu le mérite de voir le jour mais le cadre réglementaire reste trop rigide et trop complexe pour pouvoir développer rapidement de nouveaux projets. La Commission Européenne à fixé l’objectif d’une production de 35 milliards de m³ de biométhane à l’horizon 2030, mais 2030 c’est demain et à cette allure-là on y sera jamais. Il est grand temps de simplifier les démarches administratives et de revoir les mécanismes de soutien à cette production d’énergie renouvelable si on veut que la filière se développe réellement, sinon il sera trop tard. Nous produisons de l’énergie non-seulement durable, mais nous contribuons surtout à tendre vers l’autonomie énergétique de la Wallonie et de l’Europe, besoin capital dans le contexte géopolitique et socio-économique actuel. »

Le site des Bons Villers fournit du gaz à 3.000 ménages
L’objectif de l’inauguration de ce matin était avant tout de présenter l’aboutissement d’un projet à la fois durable, local et créateur de valeur : « Aujourd’hui, grâce à notre production, ce sont environ 3.000 foyers des communes des Bons Villers, Pont-à-Celles, Fleurus et Courcelles qui se chauffent avec du gaz renouvelable produit près de chez eux. Dans le contexte actuel, c’est une démarche qui mérite qu’on s’y intéresse, poursuit Jérôme Breton. Il faut aussi souligner l’impact économique d’un tel projet, qui est double : BBA aujourd’hui, c’est une dizaine d’emplois directs et une trentaine d’emplois indirects créés, et c’est aussi et surtout une source de revenu complémentaire pour plus d’une centaine de fournisseurs locaux – principalement des agriculteurs, qui peuvent valoriser des déchets qui n’avaient jusqu’ici pas de destinée économique ou diversifier leurs productions végétales. »

Le site du biométhane du Bois d’Arnelle est le 3ème à être raccordé au réseau de distribution, mais est et reste le premier et seul site conçu et développé pour l’injection de biométhane en Belgique. Aujourd’hui, environ 10.000 ménages se chauffent avec du gaz wallon d’origine renouvelable – souvent sans même le savoir et pensant consommer du gaz importé de l’international. ORES indique que d’autres projets de construction et de raccordement d’unités de production de biométhane sont à l’étude pour 2023 et 2024, mais leur concrétisation sera difficile sans une simplification majeure du cadre règlementaire à très court terme.

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